Invité de la manifestation Rendez-Vous fin septembre à Onesse-Laharie, Alexandre Jardin a séduit une centaine de personnes lors de cette nouvelle rencontre littéraire.

Écoutez un extrait de la rencontre

Enregistrement réalisé par Anthony Bacchetta avec le soutien de la

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Récompensé des Prix du Premier Roman pour son Bille en tête, alors qu’il n’a que 20 ans, et Prix Fémina pour Le Zèbre, Alexandre Jardin est un écrivain reconnu mais aussi cinéaste et citoyen engagé. Né en 1965 à Neuilly-sur-Seine, il suit des études à l’école de Sciences Po Paris puis devient analyste pour le Figaro et chroniqueur littéraire pour Canal +. Au tournant des années 80-90, ses romans Bille en tête et Le Zèbre sont adaptés au cinéma, porte ouverte sur le septième art qu’Alexandre s’empresse de franchir en réalisant lui-même trois long-métrages. Après le portrait du père magnifique (Le Zubial), du clan étrange (Le roman des Jardin), du grand-père tragique (Des gens très bien), voici Ma mère avait raison, son dernier titre aux éditions de l’Observatoire. A 54 ans, l’auteur écrit un hommage touchant d’un fils à sa mère, un témoignage d’amour avant que celle-ci ne disparaisse. Il y confesse avoir beaucoup enjolivé les faits dans ses précédents ouvrages et son absence de sa propre vie pendant trente ans d’activités romanesques...

alexandre jardin 6

Son premier véritable dévoilement remonte à Des gens très bien : "Il fallait que j'écrive des livres vrais. J'avais 46 ans, c'était aussi l'année de la mort de mon père", annonce l'auteur. Première faille dans la carapace qu'il s'est construite années après années, Alexandre vit avec le poids de l'histoire familiale et de ses secrets. "Mon père écrit le Nain Jaune en 1978, livre remarquable sans aucune référence anti-sémite. C'est avant tout le regard d'un enfant sur son père que l'on considère toujours comme un héros. Mon père y cache volontairement l'histoire familiale. A seize ans, c'est le choc, je découvre que mon grand-père fut nommé directeur de cabinet de Pierre Laval, sous le gouvernement de Vichy en avril 1942, soit quelques mois avant la rafle du Vél’d’Hiv. Tout à coup, je sais pourquoi mon grand-père vivait en Suisse et n'a plus mis un pied en France... Je suis effondré et absolument pas prêt à assumer ce lourd passif. J'ai mis trente ans à comprendre comment des gens très bien ont pu dériver dans l'horreur de la guerre, les dérèglements de mécanismes mentaux et de l'étique morale ".

Invité de la manifestation Rendez-Vous fin septembre à Onesse-Laharie, Alexandre Jardin a séduit une centaine de personnes lors de cette nouvelle rencontre littéraire.

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Récompensé des Prix du Premier Roman pour son Bille en tête, alors qu’il n’a que 20 ans, et Prix Fémina pour Le Zèbre, Alexandre Jardin est un écrivain reconnu mais aussi cinéaste et citoyen engagé. Né en 1965 à Neuilly-sur-Seine, il suit des études à l’école de Sciences Po Paris puis devient analyste pour le Figaro et chroniqueur littéraire pour Canal +. Au tournant des années 80-90, ses romans Bille en tête et Le Zèbre sont adaptés au cinéma, porte ouverte sur le septième art qu’Alexandre s’empresse de franchir en réalisant lui-même trois long-métrages. Après le portrait du père magnifique (Le Zubial), du clan étrange (Le roman des Jardin), du grand-père tragique (Des gens très bien), voici Ma mère avait raison, son dernier titre aux éditions de l’Observatoire. A 54 ans, l’auteur écrit un hommage touchant d’un fils à sa mère, un témoignage d’amour avant que celle-ci ne disparaisse. Il y confesse avoir beaucoup enjolivé les faits dans ses précédents ouvrages et son absence de sa propre vie pendant trente ans d’activités romanesques...

alexandre jardin 6

Son premier véritable dévoilement remonte à Des gens très bien : "Il fallait que j'écrive des livres vrais. J'avais 46 ans, c'était aussi l'année de la mort de mon père", annonce l'auteur. Première faille dans la carapace qu'il s'est construite années après années, Alexandre vit avec le poids de l'histoire familiale et de ses secrets. "Mon père écrit le Nain Jaune en 1978, livre remarquable sans aucune référence anti-sémite. C'est avant tout le regard d'un enfant sur son père que l'on considère toujours comme un héros. Mon père y cache volontairement l'histoire familiale. A seize ans, c'est le choc, je découvre que mon grand-père fut nommé directeur de cabinet de Pierre Laval, sous le gouvernement de Vichy en avril 1942, soit quelques mois avant la rafle du Vél’d’Hiv. Tout à coup, je sais pourquoi mon grand-père vivait en Suisse et n'a plus mis un pied en France... Je suis effondré et absolument pas prêt à assumer ce lourd passif. J'ai mis trente ans à comprendre comment des gens très bien ont pu dériver dans l'horreur de la guerre, les dérèglements de mécanismes mentaux et de l'étique morale ".

on s invente un personnage

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Alexandre Jardin se réfugie dans le paraître, se construit personnage public d'écrivain, celui qui va sur les plateaux de télévision. Il ment et se ment à lui-même car il ne sait pas comment assumer la réalité, son histoire. Il invente un père qui fait rire tout le monde, un père dont il avait besoin pour supporter sa mort justement. Et de citer l'exemple de Sacha Guitry qui réécrivait totalement le réel car il ne le supportait pas. Il ajoute : "On entretient tous un personnage officiel qui se dit cohérent, on joue des rôles. Le problème quand on se ment c'est qu'on est absent de sa propre vie. S'inventer des personnages ne sert à rien. J'ai eu envie d'écrire l'histoire de mes mensonges, un moment d'exploration du moi intime. C'était une envie pour moi, pour mes enfants, pour transmettre quelque chose de vrai. C'est aussi ma manière de donner un autre sens à l'ensemble de mon oeuvre. Je l'ai fait pour sauver ma peau !"

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litterature et militantisme

Chaque livre a une réalité qui est indépendante de son auteur. Les mensonges d'Alexandre ne remettent pas en question la qualité littéraire de ses publications postérieures. "Avec Ma mère avait raison, il était vital pour moi de changer de langue. Il fallait casser le style précédent, trouver une sauvagerie, brutaliser ma langue. Je n'ai pas écrit ce livre pour le public mais pour moi. Et ce n'est absolument pas un parti pris commercial comme certains ont pu le dire. J'ai pris un élan vers une nouvelle direction, j'ai fini par grandir !" : déclare l'auteur.

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Alexandre Jardin milite désormais pour un monde de personnes présentes, de gens vrais. L'engagement citoyen, politique, est une autre facette de cet auteur attachant. Pour lui : "Qu'est-ce qu'une littérature du réel ? C'est sans doute montrer ce qui n'est pas encore visible dans la société. Il faut que les politiques se confrontent à la réalité car l'évitement est la pire des stratégie. Par exemple avec les Gilets Jaunes, nous sommes passé d'une situation invisible à une manifestation nationale. Des évènements comme ceux-là cristalisent la dinguerie d'un pays." Parrain de nombreuses associations, il fonde en 1999 l'association Lire et faire lire dont il sera un président actif et médiatique. Depuis vingt ans, celle-ci développe la lecture et le plaisir de lire pour les enfants fréquentant les écoles primaires, les centres de loisirs, les crèches et les bibliothèques. Il confirme : "Aujourd'hui, c'est plus de 20 000 bénévoles actifs au niveau national qui aide à pérenniser les acquis scolaires. C'est une alliance autour des livres et des enfants, un grand programme d'intégration. On doit être capable collectivement de remplir les enfants de mots car un jeune qui ne sait pas s'exprimer finit par communiquer avec ses poings. Lire et faire lire est donc aussi un programme puissant de lutte contre la violence !".

alexandre jardin

Les femmes sont également très présentes dans la vie et les textes d'Alexandre Jardin qui conclue la rencontre en affirmant que le meilleur carburant de l'être humain est la tendresse.

 

H.M.

 

Les photos de la rencontre ont été réalisées par Arnaud Brunet.