Le mardi 21 janvier 2014, la médiathèque "L'écume des jours" de Capbreton accueillait Agnés Desarthe, pour un moment de partage et d'échange. Une cinquantaine de lecteurs vont venus écouter sa déclaration d'amour aux mots, aux livres, à la littérature.
Dans son dernier ouvrage "Comment j'ai appris à lire", récit sous forme d'enquête, elle dévoile le long cheminement qui l'a conduite "d'une enfant qui n'aimait pas lire , qui détestait lire" à "une adulte dévoreuse de livres qui se gave de littérature". Issue d'une famille d'origine étrangère, Agnès Desarthe a toujours éprouvé le sentiment de devoir s'intégrer, de devoir réussir et les livres, mis à sa disposition dès son plus jeune âge, devaient l'y aider. Des rencontres avec "ses bonnes fées, les trois B" dont Genéviève Brisac, la découverte de Prévert et de la poésie, ont fait sauter le verrou et lui ont ouvert les portes d'un univers où elle plonge aujoud'hui avec délice et voracité.
Nourrie de littérature écrite, française et traduite, mais aussi de littérature orale, Agnès Desarthe n'a de cesse d'écrire, de transmettre selon la morale des histoires racontées par sa grand-mère "la parole, si tu ne la transmets pas, tue". Son oeuvre foisonnante témoigne de cette nécessité de partage.
Le rapport au conte, au surnaturel, est très présent dans ses ouvrages jeunesse, mais aussi plus surprenant dans "Une partie de chasse" ou "Mangez-moi". Il n'est pas rare d'y croiser un animal qui parle ou des disparus qui reviennnent, jouant subtilement entre rêve et réel.
"Le remplaçant", oeuvre autobiographique est un hommage poignant à son héros favori, son grand-père enfin son faux grand-père, celui qui a survécu aux horreurs de la guerre, vécut dans l'ombre du vrai mort à Auschwitz en 1942. Le poids de l'absence, les non-dits, la mémoire sont distillés au fil des pages par petites touches délicates : un magnifique regard croisé entre un anti-héros et le pédagogue polonais Janusz Korzack.
Agnés Desarthe, éprise de liberté dans ses textes, liberté du lecteur mais surtout de l'écrivain, se contraint pourtant avec beaucoup de plaisir à l'exercice étriqué de la traduction. Traductrice reconnue de Loïs Lowry, ou Virginia Woolf, pour lesquelles elle éprouve beaucoup d'admiration, elle s'efface au service du texte avec abnégation : "c'est comme une anesthésie générale" nous confie-t-elle., "on est libéré du poids de soi, on s'oublie complétement, on quitte sa langue d'origine et sa propre façon d'écrire", "un vrai travail d'archéologue".
Un moment riche d'émotion.....
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