En tournée internationale, l'artiste venue du Guatemala était de passage à la médiathèque du Pays Morcenais samedi 26 mars avant son concert à la salle du Maroc le soir même. Ce fut une occasion unique pour découvrir cette artiste prometteuse !
Sur les traces des grandes chanteuses latino-américaines comme Violeta Parra, Chavela Vargas, Mercedes Sosa ou Susana Baca, celles qui défendent leurs cultures et leurs peuples, Sara Curruchich est une artiste hors norme, unique. Elle est née à San Juan Comalapa, dans le Chimaltenango au Guatemala en 1993. Rien ne prédestinait à ce qu’elle embrasse une carrière artistique internationale. Que de chemin parcouru par cette porte-parole des revendications autochtones du pays centraméricain et dont la résistance est une des finalités de sa musique !
Car pour cette jeune femme de l’ethnie maya kaqchiquel, la vie a toujours été un exercice de résistance contre le mépris des voisins ne comprenant pas une famille pariant sur l’éducation de ses filles, contre les réticences d’une société guatémaltèque machiste, contre les coups du destin. Et à travers sa musique, la jeune artiste porte le combat contre le racisme, l’oppression et les violences faites aux femmes qui ont décimés les 23 peuples indiens du Guatemala pendant plus de 35 ans de guerre civile, un combat toujours d'actualité…
Ce sont ses parents qui lui ont appris à aimer la musique. La voix de sa mère et la vieille guitare de son père illuminaient les nuits obscures de son enfance dans l’intérieur du pays. C’est au cours d’une de ces veillées que Sara décida qu’elle voulait être musicienne. Devenue professeure de musique, Sara Curruchich commence à composer ses propres chansons. Sur ses premiers accords, Sara chante les enseignements de sa famille, le respect envers la nature, la mémoire des peuples mayas. En plus du chant, Sara joue à la fois de la guitare et du marimba.
Rigoberta Menchu en exemple
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Rapidement, Sara compose Ch’uti’xtän (Fille), une ballade qui a conquis le cœur de milliers de Guatémaltèques : plus de trois millions de vue sur les réseaux sociaux, un tremplin qui a transformé Sara en icône de la lutte des femmes et des peuples originaires du Guatemala. La voilà sur la voie tracée par la charismatique Rigoberta Menchu, femme politique guatémaltèque, activiste des droits de l'homme et prix Nobel de la paix en 1992, une influence de taille.
Son second single Resistir (Résister), sortit en 2016, est une gifle à la discrimination latente au Guatemala, une chanson dédiée à toutes les personnes défenseurs des droits humains et qui sont dans une lutte permanente, résistant à l’oppression et à la violence. Son succès conduit Sara en tournée en Amérique Latine, en Europe et aux États-Unis. Le 10 mai 2016, elle est invitée par les Nations Unies pour ouvrir le Forum Permanent des Peuples Indigènes à New York. Première artiste maya à s’illustrer sur la scène latino-américaine, ONU Femmes a décidé de nommer "ambassadrice" Sara Curruchich afin de relayer les messages de lutte contre les discriminations et la défense de l’égalité de genre au Guatemala.
En 2020, Sara est programmée sur le festival mexicain Tiempo de Mujeres: Festival Por La Equidad de Género 2020, festival culturel et féministe défendant les droits des femmes. Sur la place centrale de la ville de Mexico, le fameux Zocalo, elle partage la scène avec Mon Laferte et Ana Tijoux, ce qui consolide sa réputation en Amérique Latine.
musique et discographie
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Avec Somos, son premier long format, Sara Curruchich réalise un disque loin des standards commerciaux latino-américains. Elle y donne tout son talent avec un tel enthousiasme, beaucoup d’audace et de vérité. Il faut que cela chante bien sûr, avec des notes de poésie tout en se conjuguant à l’imaginaire maya. Enregistré entre le Guatemala, la France et Barcelone, avec la collaboration d’Amparo Sanchez (du groupe Amparanoia) et sous la direction musicale de Gambeat, le légendaire bassiste de Manu Chao, cet opus est un cri d’amour, de révolte et de tendresse infinie. Le disque sera bientôt disponible dans les collections de la médiathèque départementale des Landes.
Elle enregistre également différents titres avec des artistes internationaux comme la chanson Entre la gente avec le cubain Raul Paz. Depuis 2020, Sara Curruchich collabore avec Mamita Records, le label espagnol de la chanteuse Amparo Sanchez. Y sont sortis successivement l'abum Somos pour l'Europe, dont le clip de Tukur a été réalisé par le cinéaste franco-guatemaltèque Jayro Bustamante, puis une série de singles inédits : La Siguanaba (en concert), Junam, Mujer Indigena, Pueblos avec la chanteuse mexicaine Lila Downs et enfin Amor diverso avec Muerdo, le chanteur et poète ibérique. Cela aboutit début 2022 au nouvel album Mujer Indígena, disque produit par Amparo Sánchez, avec 10 titres cumbia, reggae, rock, son jarocho et chacarera. Sara y parle d'amour, de conscience, de respect, des peuples originels, des ancêtres et de la défense de la vie sous toutes ses formes.
Aujourd’hui, ses chansons sont reprises dans les manifestations des communautés autochtones. C’est pourquoi Sara écrit dans les deux langues, espagnol et kaqchiquel, allant jusqu’à les mélanger dans une même chanson. La défense de la langue kaqchiquel est l’un des traits qui définissent la musique de cette jeune femme qui, enfant, n’a jamais pu recevoir aucun cours dans sa langue maternelle. « La musique fait partie de la revendication des peuples mayas, de l’inclusion des langues mayas comme partie intégrante de notre culture et de notre histoire » affirme Sara Curruchich.
Retrouvez ces disques dans les bacs de vos médiathèques :
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