En octobre 2022, l'ambassadeur du highlife ghannéen, Gyedu-Blay Ambolley, a donné trois concerts en France dont deux dates dans les Landes !
C'est en 2002 que je "rencontre" pour la première fois Gyedu-Blay Ambolley, une rencontre virtuelle sous la forme d'un titre sur une compilation intitulée Ghana Soundz, sur l'excellent label anglais Soundway. Accompagné par The Steneboofs, notre artiste interprète son fameux titre Simigwado, aux côtés d'autres pièces maîtresses d'artistes comme Marijata, Ebo Taylor, The Sweet Talks ou K. Frimpong & His Cubano Fiestas ! Depuis les années 80, les collectionneurs se démènent pour dénicher un grand nombre de disques sur le continent africain, et c'est depuis les années 2000 que les rééditions s'enchainent et que des carrières prennent des dimensions internationales comme celle de Gyedu-Blay Ambolley. En effet en 2012, le label américain Voodoo Funk réédite le 33 tours Simigwa, sorti originellement au milieu des années 70 au Ghana. Nouvelle claque pour votre humble serviteur : un mixe de highlife ghanéen sous influences funk de James Brown !! Il était temps de se pencher sérieusement sur cet artiste
Gyedu-Blay Ambolley est né au 11th Street à Sekondi-Takoradi (région ouest du Ghana, Afrique de l'ouest) il y a 75 ans. 11th Street, Sekondi est d'ailleurs le titre de son opus sorti en 2019, et là encore une belle délectation de musiques dansantes à souhait ! Sur la photo de la pochette de ce 31° disque, on voit sur la droite la maison parentale. Son album parle d'héritage, de musique, d'amour et de fierté. Sekondi est aussi le nom du groupe qui accompagne Gyedu-Blay sur scène. D'ailleurs, de part sa présence et la qualité de ses prestations, il a joué aux côtés de la légende afrobeat, Fela Kuti, ou du roi du highlife, Ebo Taylor.
La carrière musicale ghanéenne commence au saxophone au début des années 70. L'artiste est aussi chanteur, guitariste, à la fois auteur, compositeur et producteur. Il impose son style 'Simigwa-Do', une espèce de highlife funk qui se déchaîne sur son premier disque Simigwa. Le highlife prend place au Ghana dans les années 40, où les musiciens locaux innovent musicalement sur des rythmes africains, après des années fatigantes de danses foxtrot, jazzy et quickstep pour les colons anglais. Rapidement à Accra, E.T Mensah se distingue par ses cuivres versatiles et gouaille humoristique, suivi dans les années 60 et 70, par une montée en puissance des guitaristes, d'une conscience sociale et de l'influence de l'afrobeat venu du Nigéria voisin.
Ambolley, un reel talent !
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La marque de fabrique d'Ambolley : un phrasé qui préfigure le rap, une influence revendiquée de James Brown, et Ebo Taylor comme mentor qui produit son premier 45 tours ! Multi-instrumentiste (basse, guitare, saxophone, percussions), Gyedu-Blay commence la flûte avec son père à l'âge de huit ans. Il écoute à la radio des programmes de jazz, l'émission ‘Voice of America Jazz Hour’, qui diffuse des artistes comme Miles Davis, John Coltrane et Ella Fitzgerald notamment, qui auront également une forte influence sur sa future musique.
Le jeune Ambolley va intégrer la formation highlife Railways band de Sammy Larteh, puis dans The Uhuru Dance Band. Il vont former tous les deux The Apagya Show Band en 1974. Entre temps, il joue aux côtés d'Ebo Taylor dans les Stargazers. Avec son parcours, ses facilités à mélanger highlife avec du jazz, funk, soul et disco, Ambolley sort son premier album solo Simigwa, sur le label local Essiebons en 1975. Il chante en anglais et en fanti. Son style vocal fear des petits et évoluera dans les décennies suivantes vers des variantes hip hop pour donner le hiplife. Gyedu-Blay continue à explorer, créer et cultiver une musique toujours originale, devenant au Ghana un exemple de musique traditionnelle moderne.
Il forme par la suite le groupe The Sekondi Band International avec lequel il évolue depuis, à la fois aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Europe et en Afrique. Sa carrière internationale décolle réellement en 2002, une résurgence qui voit de nombreux albums réédités. Il sera programmé dans de prestigieux festivals comme le festival de Jazz de Montreux ou Le Guess Who Festival à Utrecht par exemple. Il publie en 45 ans de carrière plus de trente albums. Son dernier né Gyedu-Blay Ambolley and Hi-Life Jazz, sur Agogo Records, se pose dans une continuité afro et soul marquée, un groove avec une approche jazz très africaine. Le modern highlife est bien vivant avec Gyedu-Blay Ambolley !
sélection discographique
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Gyedu-Blay Ambolley défend l'entraide sociale et le panafricanisme dans la lignée du président Kwame Nkrumah qui dirigea le Ghana indépendant, d'abord comme Premier ministre de 1957 à 1960, puis en qualité de président de la République de 1960 à 1966.
En octobre, la tournée internationale de Gyedu-Blay Ambolley passe par les Landes pour deux dates incontournables à Saubrigues puis à Mugron, grâce à la connexion ghanéenne installée dans les Landes. Ce fut une belle occasion d'applaudir ces musiciens de grand talent, leur modern highlife dansant avec ce côté jazzy qui fait mouche. Les cuivres sont rutilants, la rythmique impeccable, le son de la guitare ferait fureur dans les picos afro-colombiens ! Ca groove dès le premier morceau, impossible de résister à la danse, à cette bienveillance et complicité qui s'installe entre le groupe et le public rapidement conquis. Gyedu-Blay se pose en chef d'orchestre, introduisant son concert par des imprécations aux dieux. Avec son saxophone, son crane rasé, son chapeau, il a des airs du regretté Manu Dibango. Un des points culminant du spectacle est sans doute le titre Love Supreme, un hommage à John Coltrane.
Merci à Kyekyeku et à Audrey pour avoir permis ces spectacles chez nous !
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