En octobre 2022, le Prix Nobel de littérature a été décerné à Annie Ernaux, première autrice française à obtenir ce prix crée en 1901. Une distinction littéraire prestigieuse qui couronne une œuvre singulière !
Annie Ernaux, est née en 1940 en Seine-Maritime. Elle passe son enfance et sa jeunesse à Yvetot en Normandie. Issue d' un milieu social modeste, de parents d’abord ouvriers, puis petits commerçants qui possédaient un café épicerie, elle intègre l’école privée catholique, où elle côtoie des filles de milieux plus aisés que le sien, et fait l’expérience de la honte sociale, un thème qui traversera ses romans. Elle poursuit ses études à l’université de Rouen puis de Bordeaux et devient successivement professeure certifiée, puis agrégée de lettres modernes en 1971. Elle occupe plusieurs postes d'enseignante en collège et lycée avant d'enseigner au Centre national d'enseignement à distance (CNED).
Annie Ernaux fait son entrée en littérature en 1974 avec Les armoires vides, qui dépeint sous forme romancée l’avortement clandestin qu’elle a subi en 1964, ainsi que sa trajectoire sociale de "transfuge de classe". À partir de 1982, elle met de côté la forme romanesque pour se concentrer sur le matériau autobiographique qui constituera l'essence même de son œuvre, où l'intime et le politique sont liés. Un auteur de talent se révèle, la critique est unanime, nombreux Prix littéraires viendront couronnés plusieurs de ses livres : Prix Renaudot et Prix de l'Académie Française pour La place en 1984, Prix Marguerite Duras et Prix François Mauriac pour Les années en 2008, Prix Marguerite Yourcenar en 2017 pour l'ensemble de son œuvre, et Prix Nobel de littérature en 2022 comme sacre de son immense talent.
Par le prisme de l'autobiographie, son œuvre, flirtant avec la sociologie, donne à lire une remarquable radiographie de l'intimité d'une femme qui a évolué au gré des bouleversements de la société française depuis l'après-guerre. A travers une vingtaine de récits dans lesquels elle a disséqué le poids de la domination de classes et la passion amoureuse, deux thèmes ayant marqué son itinéraire de femme déchirée par ses origines populaires.
Elle n’écrit pas de romans, mais elle n’écrit pas non plus d’autobiographies. Ce n’est pas sa vie qu’elle écrit, mais la vie.
Mêlant expérience historique et expérience individuelle, ses ouvrages abordent l’ascension sociale ( La Place, La Honte ), le mariage ( La Femme gelée ), la sexualité et les relations amoureuses ( Passion simple, Se perdre, L'Occupation ), une époque ( Journal du dehors, La Vie extérieure ), l' avortement ( L'Événement ), la maladie d'Alzheimer ( Je ne suis pas sortie de ma nuit), la mort ( Une femme ) ou encore le cancer du sein ( L'usage de la photo ).
L'autrice revendique une écriture neutre, « sans jugement, sans métaphore, sans comparaison romanesque », et évoque un style « objectif, qui ne valorise ni ne dévalorise les faits racontés », cherchant ainsi à « rester dans la ligne des faits historiques, du document ». Nombreux de ses textes ont fait l'objet d'adaptations cinématographiques ou théâtrales. La dernière en date, Les années super 8, un film coréalisé avec son fils où elle fait le récit de sa vie, "mais aussi celui de milliers de femmes en quête de liberté et d'émancipation", un road movie intimiste tiré d'images d'archives familiales années 1970.
Découvrez l'univers d'Annie Ernaux, une grande écrivaine, une pionnière, une des plus grandes voix féministe de la littérature française, dans les médiathèques landaises ou sur la médiathèque numérique